Núria Giménez Comas
Composer
Llum i matèria. Pour Kaija
Le public s’installe tandis que la pièce de Núria Giménez Comas, Llum i matèria (pour Kaija) a déjà commencé. La compositrice catalane nous met à l’écoute de la rumeur environnante, celle du public bientôt dominée, l’amplification aidant, par le murmure des instrumentistes, certains étant installés dans les allées latérales, à proximité des auditeurs ; vague bourdonnante qui fait advenir le son et la lumière qui l’irise et le diffracte. Sous le geste de Léo Margue qui s’est s’installé sur le podium dans la plus grande discrétion, le spectre sonore lentement se découvre, fragiles particules où la frontière entre le jeu instrumental et les sons fixés s’efface au profit des couleurs et constellations distribuées dans l’espace. La pièce bascule à mi-parcours : « Lumière et pesanteur », écrivait Kaija Saariaho à qui la pièce est dédiée. Elle installe un paysage et un grain plus sombres, une nature plus aride (aspérités des cordes) ébranlée de signaux inquiétants ; un son qui s’abîme dans un silence vertigineux, mesuré, à fleur d’émotion, par la plainte d’un piccolo esseulé : sensible autant que saisissant!
Michèle Tosi, Hemisphère Son
https://hemisphereson.com/un-samedi-de-lumiere-pour-litineraire/